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Daw Sandar Aye fait la promotion de la sécurité et de la santé au travail (SST) dans le secteur de la culture du gingembre au Myanmar

En tant que trésorière d’une coopérative locale de gingembre, ainsi que chef de famille, elle porte de nombreux chapeaux puisque, parallèlement, elle milite en faveur de la sécurité et la santé au travail.

Daw Sandar Aye est âgée de 55 ans. Elle est née dans une famille d’agriculteurs, dans le même village où elle vit aujourd’hui, dans le canton de Lawksawk de l’État de Shan, au Myanmar.

Ses parents étant agriculteurs, Daw a décidé de fréquenter l’université d’agronomie de Yezin en vue de poursuivre sa carrière dans le secteur. Par la suite, elle s’est mariée et a eu trois fils. Malheureusement, son mari est décédé il y a sept ans; elle est maintenant chef de famille ainsi qu’un employeur.

Tous les jours, elle se réveille avant 6 h. Elle se lave le visage, prie et va à la cuisine pour préparer le petit-déjeuner. Puis, les ouvriers agricoles arrivent vers 8 h. Daw Sandar Aye répartit les tâches quotidiennes, surveille le travail, puis revient à la maison pour effectuer des tâches ménagères avant l’heure du déjeuner. L’après-midi, elle retourne aux champs.

Son revenu provient de la culture du gingembre, en plus des cultures de riz, de mangue, d’avocat et de maïs.

Une ONG voulait créer une parcelle à des fins de démonstration et elle possédait un grand terrain

En 2017, un agent de projet de Winrock International, une ONG américaine, a pris contact avec Daw Sandar Aye et lui a demandé si elle serait intéressée à participer au projet de l’entreprise qui visait à améliorer la chaîne de valeur dans le secteur agricole au Myanmar.

Elle a saisi l’occasion fournie par ce projet pour aider, mais elle a fini par apprendre beaucoup, notamment des techniques agricoles modernes, qu’elle a transmises à d’autres agriculteurs de sa communauté. En utilisant de nouvelles technologies et méthodes, ils ont pu se débarrasser des parasites et améliorer le rendement de leurs cultures.

En 2018, le projet Fonds Vision Zéro s’est associé à Winrock International pour organiser des cours de formation sur la sécurité et la santé au travail à l’intention des producteurs de gingembre au Myanmar. Daw Sandar Aye a entendu parler des coopératives et des avantages de travailler ensemble. Son intérêt pour la SST et sa passion pour l’agriculture l’ont amenée à devenir membre fondatrice de Shwe Chin Sein (qui signifie «gingembre frais doré»), une coopérative locale de producteurs de gingembre.

Aujourd’hui, Daw Sandar Aye est la trésorière du conseil d’administration de la coopérative dont elle est membre. Depuis qu’elle a terminé la formation dans le cadre du progamme du Fonds Vision Zéro, elle a commencé à appliquer les pratiques en matière de SST dans ses activités agricoles.

Avant le cours de formation, elle cultivait le gingembre de manière traditionnelle. Maintenant, elle le cultive à l’échelle commerciale. Cette année, elle a cultivé 2,5 acres de gingembre. Et, comme de nombreux autres agriculteurs, Daw Sandar Aye ensemence d’autres cultures, outre sa culture principale, de sorte que ses connaissances en matière de SST s’étendent également à d’autres domaines.

En tant que communicatrice de confiance dans sa communauté, elle fait part de ses connaissances à d’autres agriculteurs, notamment sur la manière de produire du gingembre sain, les solutions de rechange à l’utilisation de pesticides et les bonnes pratiques en matière de SST.

La coopérative Shwe Chin Sein n’est pas comme la plupart des coopératives au Myanmar

Depuis sa fondation en 2018, les membres ont reçu une formation relative aux principes et aux meilleures pratiques en matière de SST. Les agriculteurs prennent des pauses pour s’abriter du soleil, transportent des poids manipulables et portent une protection adéquate lors de la manutention de matériaux. Aucun accident ou maladie n’a été signalé.

Il n’en a pas toujours été ainsi.

Avant le cours de formation donné dans le cadre du programme Fonds Vision Zéro, les agriculteurs transportaient de lourdes charges de gingembre récolté, ce qui causait des maux de dos. Ils travaillaient sous le soleil brûlant et dans des conditions pluvieuses, risquant un coup de chaleur. Et ils avaient des étourdissements après avoir épandu des pesticides, des herbicides et des engrais sans aucun vêtement de protection.

Voici certains des principaux risques que présente la production de gingembre:

  • l’utilisation de machines et d’outils agricoles;
  • une chute à partir d’un véhicule de transport;
  • des travaux effectués dans une chaleur estivale intense;
  • la pulvérisation de substances chimiques nocives.

Beaucoup de choses se sont améliorées. Désormais, lorsque les agriculteurs du village terminent leur formation, ils transmettent leurs connaissances à d’autres agriculteurs.

Les travailleurs ne boivent plus de boissons gazeuses froides. Ils boivent plutôt de l’eau et des boissons à base de fruits, comme le jus de citron, pour éviter les coups de chaleur. Ils portent des manches longues et des pantalons pour réduire l’exposition lors de la pulvérisation de produits chimiques sur d’autres cultures. En outre, ils ont complètement cessé d’utiliser des pesticides dans la culture du gingembre pour se concentrer plutôt sur le désherbage manuel et d’autres solutions sûres pour la lutte antiparasitaire, ainsi que sur des engrais sûrs. Leur gingembre peut être cultivé sans danger par le producteur et être mangé sans danger par le consommateur.

Le gingembre qu’ils produisent maintenant est de meilleure qualité et ils en produisent davantage chaque année. Daw Sandar Aye transporte toujours des pansements et des médicaments pour ses besoins et ceux de ses employés – juste au cas où. A ses yeux, la raison d’être de la SST est de garder les travailleurs en santé et en sécurité et de veiller à ce qu’ils puissent se présenter au travail tous les jours. Elle fait également preuve de bonne volonté en assurant la sécurité du consommateur.

«S’ils ne tombent pas malades, n’ont pas d’accidents ou ne se blessent pas, l’organisation peut continuer de fonctionner normalement.»

Donner les moyens aux agriculteurs de faire des affaires à l’échelle mondiale

Le projet a aidé les producteurs de gingembre au Myanmar à établir des liens commerciaux et à avoir un accès direct aux acheteurs, leur permettant ainsi de se familiariser eux-mêmes avec les marchés mondiaux et les prix. Cela signifie qu’ils sont désormais habilités à transiger directement avec les transformateurs et les acheteurs qui proposent des transactions équitables et respectent leurs objectifs en matière de conditions durables, sécuritaires, saines et équitables relatives aux agriculteurs du Myanmar.

Avec le président et d’autres membres du conseil d’administration, Daw Sandar Aye a analysé les débouchés commerciaux à l’échelle internationale et nationale. Peu de temps après, avec l’aide du Fonds Vision Zéro, Shwe Chin Sein a conclu un partenariat avec Snacks Mandalay, une entreprise nationale considérée comme principale exportatrice d’aliments transformés.

Ce lien commercial, en sus du respect des normes de SST pour l’exportation, est essentiel pour améliorer les conditions de vie du pays. De plus, le gingembre est maintenant de qualité supérieure et est exempt de produits chimiques nocifs. Une autre étape importante est franchie cette année, Shwe Chin Sein a envoyé un échantillon de gingembre à un acheteur au Royaume-Uni qui a passé une commande de 50 tonnes de gingembre.

Malheureusement, en raison de la crise politique et sanitaire actuelle (COVID-19), toutes les exportations sont actuellement suspendues.

Daw Sandar Aye attend avec impatience que les affaires s’améliorent au fil des ans et espère un avenir où sa coopérative exporte régulièrement du gingembre frais vers d’autres pays ainsi qu’au pays. Le groupe fait actuellement des économies pour acheter d’autres terres et y construire une installation de stockage supplémentaire et de traitement.

Daw Sandar Aye participe à l’activité Marketnext et Marketplace, organisée par Winrock International, en tant que représentant du Shwe Sein Ginger Farmer Group.

Daw Sandar Aye écoute attentivement le formateur lors d’une séance de démonstration sur les bonnes pratiques à adopter pour la récolte et après la récolte.

Daw Sandar Aye participe activement à la séance de démonstration sur les pratiques à adopter après la récolte.

«Si vous n’adoptez qu’une mentalité commerciale, vous ne pouvez pas réussir. Le gingembre doit être sûr, frais et sans résidus.»

Diriger son foyer et la coopérative de gingembre

Au départ, Daw Sandar Aye était censée être la présidente du conseil d’administration. Ses pairs l’ont incitée à prendre la direction. Toutefois, compte tenu des nombreuses priorités concurrentes à la maison, principalement liées à son rôle de mère de trois enfants, elle sentait qu’elle n’aurait pas suffisamment de temps pour remplir la tâche.

«Ce n’est pas un problème, mais c’est parfois difficile.»

En tant que femme propriétaire de sa propre ferme qui prend désormais une part active à une coopérative qui exige des visites sur le terrain, une délégation des tâches et d’autres activités, elle trouve toujours un juste équilibre.

Elle continue néanmoins d’assumer son rôle de membre. Elle essaie de sensibiliser les agriculteurs à l’accès aux marchés qui fait parfois défaut pour ce qui est du secteur de la culture du gingembre. Par exemple, si le prix du marché du gingembre baisse, certains membres suggèrent d’utiliser des produits chimiques. Elle sait, cependant, que le désherbage manuel produit de meilleures récoltes dans l’ensemble, même si cela présente plus difficultés que la simple pulvérisation d’un champ. 

La coopérative est encore très récente et les membres ont encore beaucoup à apprendre sur certains aspects du marché. Daw Sandar Aye considère sa position de leader comme un moyen de contribuer, de favoriser l’égalité et de faire sa part du travail nécessaire pour améliorer la culture du gingembre ainsi que les moyens de subsistance des agriculteurs de sa communauté.

Elle est maintenant une ardente défenseure de la SST. En tant que femme membre fondatrice de la coopérative, qui est également chef de famille et a la charge de sa famille et de sa terre, Daw Sandar Aye est une leader remarquable et non conventionnelle dans le secteur à forte croissance de la culture du gingembre au Myanmar.

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Ces histoires d’impact ont été réalisées avec le soutien financier de l’Union européenne.